Le patrimoine de Vannes
La brique et le bois constituent les deux emblèmes du patrimoine architectural local. Vous les retrouverez, soit en alternance, soit combinés, en flânant dans les rues de Vannes. La pierre, en revanche, se fait plus rare. D’abord, le bois. Comme tous les anciens pays français de langue d’oïl, il a été ici le principal matériau de construction durant tout le moyen âge et jusqu’au début du 19ème siècle. Cela était particulièrement vrai en Sologne, en raison de la structure géologique du pays. Dépourvus de carrières de pierre, les paysans solognots utilisaient pour la construction de leur logement les matériaux qu’ils avaient sous la main. Le bois d’œuvre provenant des forêts constituait l’armature des maisons, tandis que l’argile du sous-sol garnissait l’ossature ainsi formée. Le plus ancien habitat vannois était ainsi bâti de maisons à colombages. Le cadre était, à l’origine, rempli de torchis. Le torchis est un amalgame de d’argile et de paille entourant un morceau de bois et formant un « paillisson ». Le procédé de construction était peu ruineux, puisque les paillissons pouvaient être confectionnés et assemblés par l’habitant lui-même. Du pan de bois à torchis peut encore être observé en descendant la petite venelle qui mène au bois communal. |
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Dans les habitations plus cossues, la brique a peu à peu remplacé le torchis. La matière première restait la même, mais l’argile était alors cuite dans des fours alimentés au bois. Les briques étaient disposées de façon oblique en « arête de poisson » ou en « feuille de fougère » autour du montant. Vannes présente encore de nombreux exemples de maisons à colombages. L’auberge du Vieux Relais, bâtie dit-on vers 1515, et d’autres habitations du bourg datant du 17ème siècle ont pour la plupart fait l’objet de restaurations par leurs propriétaires. Ces habitations présentent souvent la particularité de posséder des fenêtres à barreaux, sans doute pour dissuader les bandits de grand (ou petit) chemin. La maison de la Croix Blanche (grande maison rue Croix-Sainte-Madeleine) est une autre illustration de cette époque. Elle possède une cheminée centrale remarquable, et si vous levez les yeux vous apercevrez l’ancienne embase de celle-ci surplombant le toit de quelques centimètres. Pourquoi cet écart ? Sans doute la couverture originelle était-elle en chaume, plus épaisse que les tuiles qui ont succédé.
L’autre élément, c’est la brique. Déjà présente dans l’habitation à colombages, elle a supplanté ce dernier mode de construction au milieu du 19e siècle. A cette époque, le développement des voies de communication, la reconstitution des forêts par le Second Empire et l’assainissement de la Sologne ont favorisé la construction et la reconstruction. Des rues entières ont vu le remplacement d’habitations en pans de bois par des maisons de briques. La rue Croix-Sainte-Madeleine, à Vannes, en est l’illustration. Le village, comme toutes les communes de Sologne, possédait sa propre tuilerie – briqueterie, située au lieudit Le Haut des Tuileries. Détail amusant : ces maisons âgées d’un siècle et demi, voir moins, ont souvent conservé à l’extérieur les anneaux qui permettaient d’atteler les chevaux à l’époque où l’automobile n’était pas reine. Il en est de même sur le mur du cimetière, vers lequel le dernier voyage s’effectuait en attelage…
Enfin, seules les églises avaient droit à la pierre en Sologne. La raison en est simple : il fallait la faire venir par des chemins humides, souvent peu praticables. L’église de Vannes est donc l’unique construction en pierres du village, et encore le matériau utilisé est-il plutôt grossier. Si le premier lieu de culte est attesté dès le 5e siècle, l’édifice actuel date des 15e et 16e siècle. L’église était autrefois le principal rendez-vous des habitants du village, souvent dispersés dans les campagnes, qui se retrouvaient pour la messe dominicale. Les croix de chemin, où les paroissiens se rendaient en procession, témoignent encore de cette ferveur populaire.